Audience vs Qualité

Audience vs Qualité
Le couperet est tombé, Salvation et Code Black subissent la guillotine pour "faute d'audience". En quelques mois, M6 est devenue la chaîne la plus déprogrammante du PAF.
Depuis 1985, Médiamétrie est chargée de calculer les audiences de chaque chaîne (maintenant de TF1 à Chérie 25). Le panel est constitué de 5.000 foyers, soit environ 11.400 personnes de 4 ans et plus (soit-disant représentatifs des caractéristiques socio- démographiques des ménages français), et couvre l'ensemble de l'offre télévisuelle (numérique, câble, satellite, etc...)

La télé est branchée sur un audimètre accompagnée d'une télécommande munie de touches personnalisées pour chaque membre du foyer ; ils cliquent pour signaler leur présence ou leur départ. Une touche est aussi disponible pour les invités qui doivent renseigner leur âge et sexe. Le zapping n'est pas pris en compte, l'audience n'est validée qu'après 10 secondes sur une chaîne.
Deux chiffres sont importants : le nombre de téléspectateurs et la part d'audience.
Le nombre de spectateurs (comme son nom l'indique) est le nombre de personnes devant un programme ; la part d'audience est le rapport entre le nombre de personnes regardant un programme et le nombre total de personnes devant la télévision. Ensuite, Médiamétrie fait sa petite tambouille quotidienne, tout ça avec une marge d'erreur de 0.6%, et envoie ses chiffres aux chaînes.
Voilà pour le côté "technique".

Sans parler du fait qu'on estime à 50 millions ceux qui regardent la télé et que seulement 11.400 sont censés les représenter, il faut prendre en compte l'oubli de se signaler ou de signaler les invités pour diverses raisons : la télécommande est trop loin, elle est perdue, les piles sont nases, le chien l'a bouffée, en fait j'en ai marre de cliquer sur une deuxième télécommande, le ou la chef de famille a chopé la gastro et donc plus personne ne veut toucher la zappette... ou toutes autres raisons que nous avons pu donner aux profs quand on n'avait pas fait ses devoirs.
C'est important, car au lieu des 11.000 et des brouettes de spectateurs, on se retrouve peut-être avec un petit millier de bons élèves. Et PAF ! Les chiffres sont faussés !
Peut-être faudrait-il augmenter le nombre d'audimètres pour se rapprocher de la réelle satisfation du public ?

Malgré toutes ces variables incontrôlables et aléatoires, les chaînes ne jurent que par l'Audience. C'est elle qui fera qu'une émission est bonne ou pas, qui fera que les marques rempliront les coupures-pub ou pas et qui fera qu'un "non-panélisé" comme moi sera privé de sa série préférée... Alors, ça sert à quoi de mesurer les audiences ?
Sûrement pas à calculer la qualité d'un programme !
Ils en ont franchement rien a faire de la qualité de ce qu'ils diffusent, que cela nous plaise ou non, tant que le panel regarde. Sinon comment expliquer que "les anges de la télé-réalité", avec ces jeunes exubérants et incultes, en soit à la saison 10 !!!
Et à côté de ça, les bonnes séries sont exclues car elles ne correspondent pas à ces fameux 5.000 foyers, soit-disant représentatifs des caractéristiques socio-démographiques des ménages français.

Je peux bien comprendre qu'acquérir un programme est un risque. S'il ne marche pas, c'est du chiffre d'affaire en moins pour en acheter d'autres, mais il faut assumer ses choix et respecter le téléspectateur en diffusant au moins la saison jusqu'à sa fin. Je m'imagine au McDonald's avec les enfants :
- Bon, jetez-moi vos burgers et vos frites.
- Mais on a pas fini !
- Tant pis, moi j'aime pas.
Voilà le genre de frustration que l'on peut ressentir devant sa télé. Malheureusement, je ne pense pas que cela va changer.
"Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’achètent plus pour que ça ne se vende pas !" disait Coluche en 1978. Aujourd'hui c'est toujours d'actualité, il y aura de plus en plus de "télé-réalité" et on en a encore pour un bon bout de temps.

J'ai mal à ma télé.