Alan Smithee

Histoire de cinéma
Un des réalisateurs les plus prolifiques de la fin du siècle dernier, Alan Smithee est peut-être aussi le plus mauvais.

Dans les années 60, quand l'univers impitoyable du cinéma hollywoodien décerne les Oscars du meilleur film aux producteurs, ceux qui ont la mainmise sur le "final cut", et réserve les huées pour les réalisateurs si le film est mauvais, la DGA (Directors Guild of America, le syndicat des réalisateurs) se bat pour que le réalisateur soit reconnu comme l'auteur de son oeuvre mais, en contrepartie, qu'il ne puisse ni prendre de pseudonyme ni retirer son nom du générique.

The Alias Men
Alan Smithee apparaît en 1955 au générique du téléfilm "The Indiscret Mr Jarvis" et commence son aventure cinématographique en 1969 après le tournage de "Pour une Poignée de Plombs". L'acteur principal Richard Widmark et le réalisateur Robert Totten n'arrêtent pas de s'embrouiller, voire plus, tant et si bien que ce dernier se fait virer et remplacer par Don Siegel.
A la fin, aucun des deux réalisateurs ne souhaite se retrouver au générique et la DGA tranche : étant donné que le film ne reflète la vision d'aucune des deux parties, elle autorise exceptionnellement l'utilisation d'un pseudo, un nom plutôt passe-partout : Alan Smithee est né.
On trouvera plus tard que c'est aussi l'anagramme de "The Alias Men" (les hommes au nom d'emprunt).

Pas de noces de perle
En 29 années d'exercice, près d'une cinquantaine de films sont sortis sous le pseudo de Alan Smithee, utilisé par d'obscurs inconnus ou par des célébrités de l'époque comme John Frankenheimer, David Lynch ou Dennis Hopper. Mais en 1998, la sortie de "An Alan Smithee Film : Burn Hollywood Burn" d'Arthur Hiller marque la fin de sa carrière.
Il raconte l'histoire de Alan Smithee, réalisateur aux commandes d'un film à gros budget qui entre en conflit avec les producteurs suite au montage fait dans son dos. Il vole les bobines et menace de les brûler si il ne peut signer son oeuvre d'un pseudo autre que... Alan Smithee.
Suite aux critiques et à la publicité négative générées autour du film, la DGA cesse l'utilisation de Alan Smithee.

Alan le survivant
Quelques rares nostalgiques ou plaisantins l'utilisent encore pour réaliser des films en dehors du circuit supervisé par la DGA, mais on peut le retrouver aussi en tant que scénariste, acteur, compositeur et même producteur.

Quoi qu'il en soit, un film signé Alan Smithee n'augure rien de bon. Il révèle un tournage problématique ou un montage dont le réalisateur a perdu le contrôle et en renie la paternité. Cela donne souvent un navet.



© leblogduncledid - 2019